Guerre au Proche-Orient : Israël doit faire de la destruction du Hamas une guerre juste

« Les guerres justes sont des guerres limitées, menées conformément à un ensemble de règles destinées à éliminer, autant qu’il se peut, l’usage de la violence et de la contrainte à l’encontre des populations non combattantes », c’est ainsi que le philosophe américain Michael Walzer définit dans son ouvrage Guerres justes et injustes (1977) ce qu’est une guerre juste, respectueuse de certaines règles morales.

Pour comprendre l’actuel conflit armé dans la bande de Gaza, Michael Walzer nous offre un cadre d’analyse utile. Il distingue les raisons de faire la guerre (jus ad bellum) et la manière de la conduire (jus in bello). Pour qu’une guerre soit juste, il faut à la fois qu’elle soit déclenchée au nom d’une juste cause mais aussi qu’elle soit menée en suivant les règles internationales du droit de la guerre.

Dans ce cadre, l’action terroriste, telles que les attaques odieuses conduites par le Hamas le 7 octobre dernier, ne peut jamais être juste puisqu’elle prend aveuglément pour cibles des civils innocents. En revanche, la réponse à une agression constitue l’un des motifs de déclenchement d’une guerre juste. Ainsi, la guerre qu’est contrainte de mener l’Ukraine face à l’agression russe poursuit une juste cause. Il en va de même pour la guerre déclenchée par Israël pour détruire le Hamas qui ne reconnait pas son existence, a pour objectif sa destruction et représente un danger permanent pour sa sécurité.

Néanmoins, sans respect du droit de la guerre et des populations civiles palestiniennes, la guerre d’Israël contre le Hamas ne peut être considérée comme juste même si ce dernier a trahi son propre peuple en déclenchant ce conflit armé, en le maintenant dans un état de terreur permanente et en utilisant l’aide internationale pour creuser des tunnels et acheter des armes plutôt que de développer la bande de Gaza.

Toujours selon Walzer, la guerre juste doit avoir pour finalité « de mettre fin à la guerre » et donc de parvenir à une paix durable. Les conditions de cette paix sont connues depuis la proclamation de l’Etat d’Israël par David Ben Gourion le 14 mai 1948. Il s’agit d’une solution à deux Etats, dont un Etat palestinien indépendant qui reconnaîtrait pleinement l’existence d’Israël. Cette solution est défendue par la France depuis le général De Gaulle qui était favorable à l’existence d’Israël « dans ses frontières sûres et reconnues » et l’appelait, en contrepartie, à la modération et à la coopération avec ses voisins. Cette solution est toujours réclamée par des artisans de paix israéliens et palestiniens qui sont souvent les victimes d’extrémistes à l’image de l’ancien Premier ministre israélien Yitzhak Rabin, signataire des accords d’Oslo en 1993 et lâchement assassiné en 1995 par un étudiant israélien d’extrême droite.

Avec la poursuite de la politique de colonisation des territoires palestiniens et ses alliances avec des partis ultra-orthodoxes, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou n’a strictement rien fait, depuis des années, en faveur du processus de paix. C’est pourtant sa volonté sincère de la conclure et le respect par l’armée israélienne des populations civiles palestiniennes de Gaza qui détermineront si la guerre menée par Israël contre le Hamas est bien une guerre juste.