Aurélien Caron, d’Amiens (Somme), revient sur la question de l’armement des polices municipales.

« Parle doucement et porte un gros bâton, tu iras loin » avait l’habitude de dire le Président américain Theodore Roosevelt au début du XXème siècle. Cette doctrine de la dissuasion dite du « Big Stick », en bon français diplomatie du « Gros bâton », fonctionne également pour nos forces de sécurité intérieure.

Faut-il armer la police municipale ? La réponse est évidemment oui et trois fois oui.

Pourquoi équiper une police municipale d’armes léthales ? D’abord parce que dans une société où la violence se répand, tous les policiers, nationaux mais aussi municipaux, sont des cibles, en particulier pour les terroristes. Ensuite, parce que lorsque surviennent des événements particulièrement graves, les policiers municipaux peuvent potentiellement être les premiers à intervenir. Ce fut le cas le 29 octobre 2020 au moment de l’attentat de la basilique Notre-Dame de Nice où ce sont des policiers municipaux qui ont réussi à mettre hors d’état de nuire un terroriste grâce à l’utilisation de leurs armes de service.

En 2022, d’après les chiffres du ministère de l’Intérieur, 58 % des policiers municipaux étaient dotés d’armes léthales dans notre pays, en particulier dans les grandes villes. Un récent sondage montre que 66 % des Françaises et des Français y sont favorables. A l’image de la vidéoprotection qui fait aujourd’hui consensus, même dans des villes de gauche, alors qu’il s’agissait d’un tabou et d’un véritable combat culturel dans les années 2000 et 2010, il y a fort à parier que, dans dix ou vingt ans, l’équipement en armes léthales des polices municipales fera figure d’évidence incontestée dans le débat public. D’ailleurs, même des maires écologistes, comme le maire de Bordeaux, M. Hurmic ont récemment pris la décision d’armer leur police municipale pour faire face aux réalités de notre société.

Néanmoins, cette décision d’armement de la police municipale ne suffira pas pour faire baisser la délinquance. Il ne sert à rien d’avoir des policiers municipaux équipés d’armes léthales si la police municipale, qui est d’abord une police de proximité, n’est pas suffisamment présente sur le terrain, en particulier dans les quartiers ou aux horaires auxquels la population a le plus besoin d’elle. Il existe aujourd’hui un sentiment d’insécurité généralisé et un nombre significatif de nos concitoyens n’osent plus sortir de chez eux seuls ou même accompagnés à partir d’une certaine heure. Cette situation est intolérable !

Une lutte plus efficace contre la délinquance passe par un plan global de lutte contre l’insécurité comprenant plusieurs axes. Les équipements d’abord car il est indispensable de renforcer de manière très importante la vidéoprotection et de profiter de toutes les opportunités qui seront offertes au maire par la future loi sur les polices municipales.

A titre d’exemple, le dispositif des « caméras intelligentes » permettant de détecter les comportements potentiellement dangereux qui était expérimenté à l’occasion des Jeux olympiques de Paris l’année dernière pourrait être généralisée ainsi que la possibilité d’équiper la police municipale de drones.

Il faut ensuite poursuivre les investissements dans le recrutement de façon à ce que les policiers municipaux armés soient suffisamment nombreux et bien formés tout en mettant en place des unités spécialisées (brigade de nuit et brigade canine).

Enfin, le partenariat avec l’Etat en matière de sécurité doit être approfondi pour faire en sorte que la police municipale et la police nationale soient complémentaires. Les investissements dans la police municipale doivent venir en parallèle du renforcement des moyens de la police nationale. L’armement de la police municipale ne peut donc être qu’une étape nécessaire mais non suffisante pour garantir notre sécurité sans laquelle nos libertés ne sont que théoriques..

Courrier publié dans le Courrier picard du 22 juin 2025 : https://journal.courrier-picard.fr/courrier-picard#CPicard/web,2025-06-22,84GRAMIENS|CPI,2025-06-22,84GRAMIENS,1|8