Aurélien Caron, d’Amiens (Somme), réagit aux résultats du classement PISA sur les acquis scolaires et les annonces faites par le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal.
« Les petits français ne sont pas plus bêtes qu’avant. Si leurs performances scolaires et leur désir d’apprendre déclinent (…) c’est à cause de nous qui ne leur offrons plus les connaissances nécessaires. » C’est ainsi que Lisa Kamen-Hirsig explique la baisse du niveau général des élèves français dans son récent ouvrage La Grande Garderie (2023).
Les résultats de l’étude 2022 du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) publiés le 5 décembre dernier sont sans appel. Le niveau des élèves français âgés de 15 ans est en net recul depuis 2018. Avec un score global de 1 435 points en 2022 (en baisse de 46 points par rapport à 2018), la France se situe au 26e rang, juste au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE (1 433 points) mais très loin derrière Singapour (1er avec 1 679 points), le Japon (4e avec 1 598 points) ou encore l’Estonie (7e avec 1 547 points). Par rapport à la précédente étude de 2018, les élèves français ont perdu 21 points en mathématiques (la plus forte baisse depuis 2000) et 19 en compréhension de l’écrit. Ce n’est pas tout, le poids des origines sociales des élèves est très corrélé aux résultats obtenus, symbole d’un système éducatif français qui échoue depuis des années à réduire les inégalités sociales.
Le premier constat est celui de l’échec du gouvernement en matière éducative depuis 2017. Le ministre de l’Education nationale, Gabriel Attal, reconnaissait dès la mi-novembre, concernant les élèves de 4e, « qu’un peu plus de la moitié (…) ne lisent pas convenablement et, en mathématiques, plus de la moitié ne maîtrisent pas la résolution de problèmes et la géométrie ». Dans sa conférence de presse du mardi 5 décembre, il a rejeté la responsabilité de ces mauvais résultats sur François Hollande. C’était sans doute vrai lors de la précédente étude en 2018, mais Monsieur Hollande n’est plus le seul responsable cinq années après l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. Ni Monsieur Blanquer, ni Monsieur Ndiaye n’ont réussi à résoudre le problème souligné par la Cour des comptes en décembre 2021 : « En dépit d’une dépense nationale d’éducation supérieure à la moyenne de l’OCDE, la performance du système scolaire français (…) tend à se dégrader, en particulier pour les jeunes issus des milieux défavorisés. »
Le second constat est celui de l’insuffisance des mesures proposées par Monsieur Attal dans le cadre de son « choc des savoirs ». Force est de constater qu’il passe le plus clair de son temps à revenir sur les réformes de ses prédécesseurs (détricotage de la désastreuse réforme du baccalauréat de M. Blanquer) ou à réparer leur inaction (absence de position ferme de M. Ndiaye sur le port des signes religieux ostentatoires comme l’abaya). Certaines de ses mesures vont dans le bon sens comme le retour du redoublement qui sera à la main des professeurs ou la mise en place de groupes de niveaux au collège. Toutefois, elles ne suffiront pas tant que le métier d’enseignant ne sera pas revalorisé pour répondre à la grave crise des vocations, que l’autorité ne sera pas restaurée dans les établissements et que davantage de libertés ne seront pas données aux professeurs et aux chefs d’établissement qui sont noyées sous la sur administration, « seulement 10 % des décisions prises en matière éducative le sont au niveau des établissements, dont à peine 2 % en “autonomie totale” » selon la Cour des comptes.